Qualité de vie et des conditions de travail (QVCT)

L’Accord National Interprofessionnel (ANI) du 9 décembre 2020 sur la santé au travail a introduit un certain nombre d’évolutions, dont un acronyme désormais bien installé dans le paysage du travail : la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail).
On pourrait objecter que ce n’est pas si nouveau que cela, car au fond tout le monde connait aujourd’hui la QVT et une lettre de plus ne devrait pas apporter de modifications majeures. Pourtant, à y regarder de plus près, la QVCT pourrait signifier une rupture plus importante qu’il n’y paraît en matière de santé au travail. Décryptage.
Qu’est-ce que la QVCT ?
La Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) désigne l’ensemble des leviers permettant d’améliorer les conditions dans lesquelles les salariés – agents ou collaborateurs – exercent leur activité. Elle s’inscrit dans une dynamique globale, à la croisée des enjeux de santé, de performance et de sens au travail. Intégrant des thématiques telles que l’organisation, le management, l’égalité au travail, ou encore l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle, la QVCT vise à concilier bien-être individuel et efficacité collective.
L’ANI du 9 décembre 2020 signé par l’ensemble des partenaires sociaux, rappelle plusieurs principes essentiels, parmi lesquels :
- La promotion d’une prévention primaire ancrée dans la réalité du travail,
- L’articulation renouvelée entre qualité de vie et santé au travail,
- Ou encore un renforcement de la proximité des services de santé au travail, (renommés « services de prévention et de santé au travail »).
Il est aussi question d’une « démarche continue de la prévention primaire », en matière d’amélioration de la prévention des risques au travail. Un nouveau pallier est franchi, puisqu’il s’agit d’inscrire la culture de prévention dans une approche globale et structurée, tournée vers le développement. Cette ambition est portée par une notion qui fait son apparition, la QVCT.
De la QVT à la QVCT
Pour l’ANACT, la QVT « désigne et regroupe sous un même intitulé les actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail et la performance globale, d’autant plus quand leurs organisations se transforment » (ANI QVT 2013). Elle s’inscrit donc dans une dynamique émancipatrice de la vision défensive, assurantielle et préventive portée historiquement par les risques psychosociaux (RPS).
Désormais, il faut donc parler de QVCT : pourquoi est-ce une bonne nouvelle ?
Quels sont les impacts ?
Parler non plus de QVT mais de QVCT permet sans doute d’écarter un certain nombre d’artifices qui ont contribué à brouiller le message. L’amélioration de la qualité de vie au travail des agents s’inscrit indiscutablement dans une série d’actions sérieuses et connectées de manière directe à celle des conditions de travail. Autrement dit, c’est l’occasion d’en finir avec les actions telles que les cours de yoga, le babyfoot, etc., qui n’entrent pas dans ce périmètre et qui sont pourtant souvent considérées, à tort, comme des « actions QVT ».
La QVCT nous ramène en effet aux sujets centraux d’une organisation :
- les pratiques managériales,
- le maintien dans l’emploi,
- les trajectoires professionnelles,
- la conduite des transformations…
De la prévention des RPS à la QVCT
L’approche QVCT a par ailleurs pour spécificité de dépasser les seules prévention et correction des risques psychosociaux, ou RPS.
La prévention des RPS repose en effet sur la détection des irrégularités organisationnelles et managériales à l’origine de troubles de la santé mentale. La Qualité de Vie et des Conditions de Travail englobe cette dynamique préventive et corrective, mais va aussi plus loin. Elle se réfère à une démarche proactive et positive d’aménagement des conditions de travail. Objectif : créer un environnement capacitant, respectueux et propice à la productivité.
Faire de la QVCT un pilier stratégique
Le passage de la QVT à la QVCT, en embarquant de manière assumée la question des conditions de travail, devrait favoriser des liens plus étroits avec la gouvernance et la stratégie des institutions. En proposant d’articuler la qualité de vie des agents, leurs conditions de travail et la performance de leur organisation, l’enjeu posé est majeur : faire de la QVCT un pilier stratégique, au même titre que d’autres leviers aujourd’hui largement banalisés (par exemple, une démarche qualité).
Cela implique de privilégier une approche cohérente et structurée, basée sur des repères clairs, pour identifier les principaux facteurs qui contribuent à la fois au bien-être des agents et à la qualité du service rendu.
La QVCT annonce ainsi un âge de maturité, en pleine cohérence avec le développement d’autres volets RH. On songera, par exemple, à l’engagement autour des solutions en matière de protection sociale complémentaire.
Découvrez notre solutionQuels sont les enjeux de la QVCT ?
La QVCT opère une évolution intéressante dans la manière de se saisir des questions de santé et de conditions de travail. Elle propose de passer d’une vision préventive, strictement règlementaire et restrictive, qui considère le travail comme un risque, portée historiquement par les RPS (risques psychosociaux), à une vision plus incitative, qui considère le travail comme une opportunité associée de développement de la santé des travailleurs et de performance de l’organisation, soutenue par une véritable stratégie.
En perspective, la QVCT ouvre au renforcement des moyens de pouvoir effectuer un travail de qualité, autour duquel toutes les parties prenantes se retrouvent. L’enjeu, avec la QVCT, est donc de parler de qualité de vie par le travail.
Les enjeux spécifiques de la fonction publique
La fonction publique a pris en charge tardivement les questions de santé au travail. La Fonction Publique Territoriale, notamment, a montré des difficultés à traduire ses diagnostics en plans d’actions.
L’applicabilité des mesures de QVCT représente donc un enjeu majeur, notamment pour l’amélioration du service public. Autre spécificité : le bien-être des agents dépend du sens donné au travail et du sentiment d’être utile à l’intérêt général. L’amélioration des conditions de travail doit donc permettre le déploiement de ces facteurs de motivation.
Dans la fonction publique, la Qualité de Vie et des Conditions de Travail repose par ailleurs sur la participation des agents. Elle requiert donc de développer une logique décisionnelle moins descendante et plus souple. Les managers doivent se former à la dimension intégrative de la QVCT et à l’évolution possible des mesures prises, en fonction des retours des agents. Cette organisation nécessite de mettre l’accent sur le dialogue social.
Quels sont les 6 sujets de la QVCT ?
Pour progresser concrètement sur la QVCT, il est indispensable de s’accorder en interne sur les sujets à traiter. L’ANACT a élaboré un référentiel fondé sur la réalité du terrain et conçu pour vous accompagner.
Organisation, contenu et réalisation du travail
La QVCT pousse les entreprises à envisager des modes d’organisation innovants, pour de nouvelles conditions matérielles, temporelles et physiques de travail. Il s’agit d’améliorer la productivité, mais aussi de répondre aux attentes des équipes. Celles-ci concernent par exemple l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle et la valorisation de structures organisationnelles plus écologiques.
Compétences et parcours professionnels
Améliorer la qualité de vie et des conditions de travail consiste aussi à s’assurer d’encourager l’évolution professionnelle. Accueil des nouveaux arrivants, modalités d’apprentissage, dispositifs d’orientation, d’accompagnement et de formation, gestion des compétences et prévention de la désinsertion constituent autant de volets d’action potentiels.
Égalité au travail
La QVCT est représentative des évolutions sociétales, et notamment des attentes croissantes en termes d’égalité hommes-femmes et de diversité. Elle doit donc participer à résoudre les inégalités et à intégrer tous les employés, y compris les personnes malades, en situation de handicap, de monoparentalité ou les aidants familiaux.
Projet d’entreprise et management
Trouver du sens à son activité professionnelle fait partie inhérente de l’amélioration des conditions de travail. Les employeurs prévoient donc des communications régulières autour de leurs stratégies. Ils investissent également dans un mode d’accompagnement managérial facilitant.
Dialogue professionnel et social
La Qualité de Vie et des Conditions de Travail consiste aussi à repenser les dispositifs consultatifs, collaboratifs, délibératifs et participatifs. Elle renforce la légitimité des instances de représentation du personnel. Elle leur attribue également une place centrale dans le dispositif de conceptualisation des nouvelles modalités organisationnelles.
Santé au travail et prévention
Progresser en matière de prévention des risques professionnels et de santé au travail fait bien sûr partie intégrante de la QVCT. C’est particulièrement vrai dans la fonction publique, ou l’approche par les RPS a fait l’objet d’efforts conséquents. Approches corrective et proactive se mêlent ainsi pour envisager de nouvelles actions d’amélioration.
Quelles sont les grandes idées de la QVCT ?
La démarche QVCT s’appuie sur un référentiel composé de 10 grands thèmes, couvrant l’ensemble des enjeux liés à l’amélioration des conditions de travail. Lorsqu’ils font l’objet d’actions concrètes et coordonnées, ces leviers contribuent à la fois à renforcer la qualité de vie au travail des agents et à améliorer la performance des services public.
Accompagnement des métiers & des trajectoires professionnelles
Développement des pratiques managériales & management du travail
Conduite du changement & des transformations organisationnelles
Évaluation & régulation de la charge de travail
Égalité professionnelle
Prévention de l’usure professionnelle & maintien durable dans l’emploi
Animation de la prévention des risques professionnels & psychosociaux
Appui au dialogue social & à la délibération sur le contenu du travail
Conception & aménagement des espaces de travail
Déploiement du télétravail, de la digitalisation & des transformations numériques
La mise en place d’une démarche QVCT dans son organisation
Le développement d’une démarche QVCT efficace repose sur l’application d’une méthode de travail transversale, pluridisciplinaire, opérationnelle et évolutive. Cette procédure croise les attentes des équipes et de leurs usagers. Elle incarne aussi la stratégie de la direction, et les préoccupations managériales. Concrète, elle prévoit nécessairement un système d’expérimentations itératives.
Comment mettre en place une démarche QVCT ?Les bénéfices de la QVCT
Adopter une démarche Qualité de Vie et des Conditions de Travail demande du temps, mais offre de nombreux avantages.
Réduction de l’absentéisme
La réduction de l’absentéisme dans la fonction publique est un enjeu central des politiques RH et organisations. Ces absences impactent fortement l’organisation du travail et la qualité du service rendu. Leur gestion implique de s’intéresser aux causes profondes, qu’elles soient liées aux conditions de travail, au management ou à la santé des agents. Loin d’être une fatalité, l’absentéisme peut être contenu par des actions ciblées et un engagement partagé autour de la qualité de vie au travail.
Productivité croissante
Responsabilisés, les agents renforcent leur engagement au travail. Ces efforts collectifs améliorent les performances globales de l’établissement.
Amélioration de la marque employeur
La marque employeur constitue un levier stratégique pour renforcer l’attractivité des structures et fidéliser les agents. Elle repose sur la valorisation cohérente des engagements, de la culture et des politiques RH d’une organisation.
Prévention des RPS
Investir dans la QVCT consiste aussi à prévenir les RPS, même si l’approche va au-delà du diptyque prévention / correction. Les agents sont protégés dans leur intégrité physique et mentale. Les performances sont préservées.
Relyens propose une solution inédite pour les collectivités territoriales : Pilot’RH by Manty. Cette plateforme innovante centralise les données RH et aide les organisations à optimiser le pilotage stratégique et opérationnel des ressources humaines par une gestion proactive.
Pilot’RH permet d’anticiper les risques, de prévenir les situations critiques (usure professionnelle, métiers en tension, surcharge de travail) et de mettre en place des actions ciblées.
Pour en savoir plus, demandez une démonstration de notre plateforme Pilot’RH.
Contactez-nousIntégrer la QVCT à votre stratégie RSE
Les structures qui allient QVCT et RSE, Responsabilité Sociétale des Entreprises, créent une dynamique vertueuse. Les deux démarches se nourrissent à plus d’un titre, notamment en termes d’engagement des agents.
Les établissements qui prouvent un engagement sociétal sincère le traduisent généralement dans leurs conditions de travail. Ils renforcent ainsi doublement le sentiment d’appartenance des agents. Des initiatives comme le passage aux horaires flexibles ou au télétravail permettent en outre de conjuguer attente des équipes et engagements écologiques. C’est également le cas de projets comme les congés ou les journées solidaires.
Conclusion
La Qualité de Vie et des Conditions de Travail, nouveau paradigme des ressources humaines, transcende les approches traditionnelles de la QVT et des Risques Psychosociaux. Elle intègre une perspective holistique et systémique qui révolutionne les pratiques managériales et organisationnelles. Pilier stratégique de l’attractivité et de la pérennité des organisations modernes, elle marie impératifs de santé, de performance et de responsabilité sociétale.
FAQ
L’Accord National Interprofessionnel de 2013 définit la QVT comme un ensemble d’actions qui « permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail et la performance globale, d’autant plus quand leurs organisations se transforment ». La QVT place en son cœur plusieurs principes directeurs, tels que l’embarquement des salariés et des agents dans le « travail d’organisation » (au moyen d’une dynamique participative), la réflexion continue autour de l’amélioration des conditions de travail, la logique d’expérimentation comme vecteur de l’innovation ou encore la mise en dialogue professionnel des moyens d’action sur la qualité du travail.
L’avènement, avec loi du 2 août 2021 visant à « renforcer la prévention en santé au travail », de ce qu’il faut désormais appeler la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) offre une opportunité de s’engager vers l’intégration d’une stratégie de prévention et de développement de la santé au travail reposant sur une méthodologie renouvelée.
L‘Anact met en avant 6 domaines d’actions :
- Organisation, contenu et réalisation du travail
- Projet d’entreprise et management
- Egalité au travail
- Dialogue professionnel et dialogue social
- Compétences et parcours professionnels
- Santé au travail et prévention
Quand on parle des 6 dimensions de la QVCT, on se réfère habituellement au management participatif et à l’engagement, aux relations de travail et au climat social, au contenu du travail, à la santé, aux compétences et parcours professionnels et à l’égalité professionnelle.
Une démarche QVCT englobe des actions transversales, collaboratives et expérimentales. Elles recoupent des mesures aussi diverses que l’aménagement des locaux, la gestion des espaces partagés comme le parking d’entreprise, la prévention des RPS ou la réalisation d’études ergonomiques sur les postes de travail.