De la prévention des RPS à la QVCT : un nouveau défi pour la fonction publique

Dans le secteur public français, l’accent se déplace progressivement de la prévention des risques psychosociaux (RPS) à une approche proactive de la Qualité de Vie et des Conditions au Travail (QVCT). Cette évolution reflète un changement de paradigme dans la perception des besoins des agents. Elle dénote aussi une adaptation aux nouvelles réalités du monde du travail : digitalisation, télétravail, équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Cette nouvelle optique s’applique-t-elle à tous les établissements publics ? Comment s’opère le passage de l’une à l’autre ?

Pourquoi passer de la prévention des RPS à la QVCT ?

Il existe plusieurs raisons pour lesquelles le secteur public français évolue de la prévention des risques psychosociaux (RPS) à la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT). Il en va à la fois de l’évolution des approches du bien-être et de l’efficacité organisationnelle.

RPS et QVCT : deux visions différentes du bien-être au travail

La prévention des RPS se concentre sur les troubles de la santé mentale au travail : stress, burnout et harcèlement, entre autres. Cette approche par le risque permet de souligner les défauts organisationnels et managériaux de l’organisation. Elle repose sur une logique de prévention et de correction.

La QVT, Qualité de Vie au Travail, puis la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail), reposent quant à elles sur une vision positive du bien-être au travail. Elles recoupent différentes approches dont toutes ont une composante commune : permettre aux opérateurs de se réapproprier les conditions d’exécution du travail dans le respect de chacun et d’évoluer dans une organisation capacitance. Il ne s’agit donc plus seulement d’éviter ou de corriger des situations problématiques. Il faut aussi favoriser les conditions de travail propices à la productivité en amont de l’émergence des risques.

Une démarche QVCT s’organise autour de 10 grands thèmes qui couvrent l’ensemble des enjeux liés à l’amélioration des conditions de travail et qui constituent le référentiel QVCT. En menant des actions ciblées sur ces thèmes, il est possible de concilier l’amélioration de la QVCT des agents avec la performance des services.

L’objectif est d’établir un état des lieux des pratiques existantes dans l’organisation à travers ces 10 thèmes afin de déterminer les priorités et d’orienter les actions à engager :

Accompagnement des métiers et des trajectoires professionnelles
Développement des pratiques managériales et du management du travail
Conduite des changements et transformations organisationnelles
Évaluation et régulation de la charge de travail
Promotion de l’égalité professionnelle
Prévention de l’usure professionnelle et maintien durable dans l’emploi
Animation de la prévention des risques professionnels et psychosociaux
Soutien au dialogue social et à la réflexion sur le contenu du travail
Conception et aménagement des espaces de travail
Déploiement du télétravail, de la digitalisation et des transformations numériques.

Nouvelles réalités, nouvelles réglementations

Avec la QVCT, les établissements publics prennent en compte de nouvelles conditions de travail. Entre télétravail contraint avec le COVID et universalisé depuis, flexibilité grandissante et digitalisation des habitudes, les attentes des agents ont changé. La QVCT permet d’ajuster les modes de travail à distance, de s’adapter aux outils numériques et de penser efficacement l’équilibre entre vie privée et professionnelle.

Cette approche renouvelée de la qualité de vie au travail s’inscrit dans une évolution historique d’alignement du secteur public sur le secteur privé. L’accord national interprofessionnel sur la QVT signé en 2013 et l’Accord national interprofessionnel (ANI) de 2020 sur la QVCT ont résolument changé les représentations du travail dans le secteur public. La notion de “ressources” a ainsi doucement pris le pas sur celle de “risques”. Tous les ans, les pratiques publiques s’alignent un peu plus avec celles du privé, pionnier en matière de bien-être et de santé au travail.

La prévention des RPS, toujours utile ?

Malgré l’essor de l’approche QVCT, la prévention des risques psychosociaux reste indispensable, et s’impose dans différents contextes.

Avant de créer un environnement favorable à la QVCT, l’employeur a l’obligation de supprimer les facteurs de RPS. Investir dans le développement personnel au travail n’a que peu de sens si on ne traite pas les risques pour la santé mentale des équipes.

Holicare, solution de prévention de la santé mentale

C’est pour cette raison que certaines organisations engagent des travaux de prévention de l’épuisement professionnel grâce notamment à la solution Holicare, et préparent leur QVT en parallèle. La législation française impose en outre une évaluation et une prévention des risques professionnels à laquelle aucune organisation ne peut échapper, même au nom de la QVCT.

Si RPS et QVCT restent intrinsèquement liés, c’est aussi parce qu’il arrive que certains établissements ne disposent pas encore de la culture d’entreprise nécessaire à la mise en place d’une démarche de QVT-QVCT. Dans ce cas, la prévention des RPS peut incarner une première étape de sensibilisation. Elle crée un socle d’information et nourrit la confiance envers l’employeur et rend également les agents plus réceptifs à d’éventuelles mesures.

Sources

Accord national interprofessionnel sur la QVT

Accord national interprofessionnel (ANI) de 2020 sur la QVCT

FAQ

Que signifie RPS ?

“RPS” signifie Risques Psychosociaux et désigne les conditions de travail qui peuvent nuire à la santé mentale et physique des employés, comme le stress, le harcèlement ou le burnout.

Quelle est la différence entre RPS, QVT, QVCT ?

Les RPS (Risques Psychosociaux) désignent les dangers liés à la santé mentale au travail, la QVT (Qualité de Vie au Travail) concerne les conditions favorisant le bien-être des employés, tandis que la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) élargit la QVT, en intégrant les conditions matérielles et organisationnelles pour un environnement de travail globalement favorable.

Quel lien faire entre la QVT et les RPS ?

Dans le secteur public, améliorer la QVT (Qualité de Vie au Travail) permet de prévenir et de réduire les RPS (Risques Psychosociaux), en favorisant un environnement de travail sain et motivant pour les agents.

Comment adopter une démarche QVT-QVCT dans la fonction publique ?

Pour adopter une démarche Qualité de Vie au Travail-Qualité de Vie et des Conditions de Travail dans la fonction publique, il convient de nourrir une culture organisationnelle centrée sur le bien-être des agents, en impliquant activement toutes les parties prenantes dans les mesures à mettre en place.