Les grandes tendances de l’absentéisme pour raison de santé dans la fonction publique territoriale
À l’occasion de la sortie de l’édition 2024 du Panorama sur la qualité de vie au travail et la santé des agents dans les collectivités territoriales, nos experts Relyens décryptent les grandes tendances des absences pour raison de santé dans la FPT*.
Réalisé sur des tendances longues (5 et 10 ans), ce décryptage des absences permet d’en identifier les causes structurelles. Compte tenu de la réforme en cours sur la protection sociale complémentaire, nous avons également souhaité mettre en exergue la croissance des indicateurs concernant le passage à demi-traitement des agents.
Quelles sont les grandes tendances de l’évolution de l’absentéisme dans la fonction publique territoriale ?
La principale tendance est l’allongement de la durée des arrêts sur les dix dernières années. On observe également une progression des absences en maladie ordinaire. Celles-ci s’inscrivent dans un contexte de vieillissement de la population active des collectivités et d’allongement du temps de travail induit par la dernière réforme des retraites.
La hausse de la gravité des absences : une tendance forte
Ces dernières années, une des tendances lourdes des absences pour raison de santé que nous relevons est l’augmentation notable de la gravité dans les absences. Pour rappel, ce que nous entendons par gravité des arrêts est la durée des absences sur une période donnée (pour en savoir plus sur le mode de calcul de la gravité des absences, vous pouvez consulter notre vidéo explicative).
| Evolution 2018/2023 | Maladie Ordinaire | Longue maladie / longue durée | Accident du travail | Absences globales |
| Gravité | +14% | +3% | +8% | +8% |
| Fréquence | -4% | -7% | -13% | -5% |
| Exposition | -2% | -7% | -12% | -6% |
| Taux d’absentéisme | +12% | -5% | +3% | +3% |
Les durées d’absence pour raison de santé ont progressé de 8 % en 5 ans et de 10 % en 10 ans. Elle s’explique notamment par le poids des longues maladies sur le total, un des impacts majeurs du vieillissement de la fonction publique territoriale.
Il est intéressant de noter que si la durée des arrêts progresse, la fréquence affiche une baisse de 6 % en 5 ans (8 % en 10 ans) et l’exposition diminue également de 6 % en 5 ans (2 % en 10 ans).
Si les agents ne sont pas plus nombreux à s’absenter, ni plus souvent absents, ils le sont en revanche pour des durées d’arrêt plus longues. La gravité des absences constitue l’enjeu majeur pour les collectivités territoriales en matière de santé au travail.
L’étude sur 10 ans montre l’importante augmentation de la gravité (+ 27 % en passant de 40 à 51 jours en moyenne), la maîtrise de l’exposition (de 40 % à 39 %) et la baisse de la fréquence (- 8 %).
De ce fait, le taux d’absentéisme dans la fonction publique progresse de 16 % sur la période passant de 8,3 % en 2012 à 9,6 % en 2023. La croissance de la gravité est le phénomène le plus important sur les 10 dernières années. Elle explique à elle seule la croissance du taux d’absentéisme.
Il est important de souligner que les indicateurs 2022 se distinguent nettement en faisant état d’un rapport opposé à ceux de 2020, 2021 et 2023. En effet, 2022 a été marquée par une hausse du nombre d’arrêts, une hausse du nombre d’agents et une baisse de la gravité. 2022 est complètement atypique par rapport aux 10 dernières années.
Nous souhaitons insister sur le fait qu’il ne faut pas considérer 2022 comme une année de référence dans vos différentes études.
Le taux d’absentéisme par nature d’absence en 2023
En 2023, le taux d’absentéisme est (hors maternité), quasiment similaire à celui de 2022 (9,6 % vs 9,7 %). Ce pourcentage qui peut sembler, à la lecture, peu élevé, correspond pourtant à 10 agents équivalents temps plein, absents toute une année sur une collectivité de 100 agents. Au niveau de la répartition par nature, on peut remarquer le poids très important de la maladie ordinaire (5,2 %). Cela représente plus de 5 agents sur 100 qui sont absents toute l’année pour maladie ordinaire.
Les absences en longue maladie/longue durée sont stables en termes de gravité. La fréquence et l’exposition sont en légère reprise depuis 2021 mais restent en dessous du taux de l’année 2018.
Quant aux accidents du travail, le taux d’absentéisme dans le secteur public est en évolution de 3 % en 5 ans. Il est marqué par une baisse de l’exposition et de la fréquence cependant concernant la gravité, après une forte hausse en 2020, celle-ci se stabilise marquant cependant une hausse de 18 % en 5 ans.
Consultez la publication dans son intégralité et découvrez les interviews des témoins de notre panorama 2024.
Accéder au PanoramaFocus sur les absences en maladie ordinaire
La maladie ordinaire porte à elle seule plus de la moitié du taux d’absentéisme, c’est pourquoi il reste primordial que les collectivités se penchent très attentivement sur le sujet.
Elle concerne chaque année 8 arrêts sur 10 et les trois quarts des agents absents.
Même si 2023 enregistre une légère baisse du taux d’absentéisme par rapport à 2022, la hausse sur 5 ans atteint 12 %. La tendance de fond reste bien une progression et une aggravation des absences en maladie ordinaire. Cette augmentation peut s’expliquer en partie par le vieillissement de la population combinée à des métiers avec une forte usure professionnelle.
On constate également une dérive du coût de la maladie ordinaire. L’évolution sur 10 ans du coût moyen par agent est de 6 % par an, en conséquence de l’allongement de la durée des arrêts et de la hausse du coût journalier. Il passe ainsi de 413 € en 2006 à près de 1100 € en 2021 (quelle que soit la tranche d’âge des agents).
Les absences peuvent être réparties en trois grandes familles :
- Les absences de courte durée qui représentent la plupart des absences en maladie ordinaire (46 % ne dépassent pas 7 jours). Ces absences ne rassemblent pas un volume de jours d’absence importants (moins de 7% du total des jours d’arrêts).
- Les arrêts de moins de 15 jours concentrent les deux tiers des absences, mais ne dépassent pas 14 % des jours d’absences.
- Les arrêts de plus de 15 jours, à l’inverse, bien que moins nombreux, totalisent plus de 85 % des jours d’arrêt. Les arrêts les plus longs progressent à la fois en nombre (+87 %) et en durée (+ 49 %).
Ce dernier point plaide en faveur d’une couverture de prévoyance complémentaire pour protéger les agents des impacts financiers de la bascule à demi-traitement après 90 jours.
La prévoyance complémentaire bien que souvent interprétée comme une couverture liée à des pathologies longues, concerne aussi la maladie ordinaire. Cette dernière concentre près de la moitié des jours d’absence indemnisés et les deux-tiers des agents en demi-traitement avec une part importante d’arrêts multiples.
Les absences à demi-traitement
Afin de pouvoir ainsi donner aux collectivités une approche factuelle de la pertinence d’une couverture en prévoyance complémentaire, nous avons souhaité revenir dans cette édition 2024 du panorama, sur les absences en demi-traitement, et plus spécifiquement sur la croissance des indicateurs du passage en demi-traitement.
Absences en demi-traitement : des indicateurs en croissance
En 2023, en moyenne dans les effectifs d’agents en arrêt pour raison de santé, près de 20 % sont en demi-traitement et cette part augmente chaque année.
Consécutif à une longue maladie, une longue durée ou lors de dispositifs de disponibilité d’office, le demi-traitement intervient également lors de l’accumulation de plusieurs arrêts en maladie ordinaire dont la somme est supérieure à 90 jours sur les 365 jours précédents.
Le reste à charge pour l’agent en absence en demi-traitement
Il est important de noter que le passage à demi-traitement n’est pas uniforme pour les agents. La probabilité de passer à demi-traitement devient plus forte avec l’âge, et la rémunération de l’agent évolue à la hausse en fonction de son âge.
À l’heure où les collectivités font face à une population marquée par le vieillissement de ses effectifs combiné à des métiers avec une forte usure professionnelle, il est plus que jamais nécessaire d’anticiper et d’agir afin de sécuriser à long terme la délivrance des missions d’intérêt général que portent les acteurs territoriaux. C’est pourquoi nous avons souhaité enrichir notre baromètre des absences pour raison de santé par une enquête sur les actions de prévention mises en place par les DRH dans leurs organisations.
Pour en savoir plus, consultez l’édition 2024 du Panorama – Qualité de vie au travail et santé des agents dans les collectivités territoriales.
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