L’ergonomie : à quoi ça sert réellement ?

Pour faire face à l’augmentation des problématiques de santé et aux évolutions de l’univers professionnel (techniques, sociales, économiques…), il existe plusieurs disciplines souvent complémentaires pour améliorer la prévention des risques. Dès lors, à l’instar de l’ergonomie, il est important de comprendre le rôle de chaque acteur pour pouvoir agir efficacement sur la prévention des risques et/ou l’amélioration des conditions de travail.

D’autant plus qu’au niveau matériel, la mention « ergonomique » est de plus en plus présente (siège ergonomique, couverts ergonomiques, brouette ergonomique…) alors qu’elle correspond davantage à un argument commercial plutôt qu’une certification que le matériel sera adapté à l’activité réelle.

Dans cette perspective, nous allons dans un premier temps repartir des éléments de définition pour appréhender les enjeux de l’ergonomie, puis dans un second temps aborder la méthodologie pour comprendre les apports de cet acteur, et finalement présenter le périmètre d’intervention pour identifier les limites de cette discipline.

C’est quoi l’ergonomie ?

Les idées reçues :

Contrairement aux idées reçues, l’ergonomie ce n’est pas :

• – Un expert des chaises et des bureaux
• –  Un inspecteur du travail
• – Uniquement du bon sens
• – Une propriété matérielle
• – Des préconisations irréalistes ou pas opérationnelles
• – Une discipline qui prend trop de temps et qui coûte cher
• – …

Définition et enjeux de l’ergonomie :

L’organisation Internationale du Travail (OIT) définit l’ergonomie comme : « l’application conjointe de certaines sciences biologiques et des sciences de l’ingénieur pour assurer entre l’homme et le travail, l’optimum d’adaptation mutuelle afin d’accroître le rendement du travailleur et de contribuer à son bien-être ».

En d’autres termes, « l’ergonomie est l’étude scientifiques de la relation entre l’homme et ses moyens, méthodes et milieux de travail. Son objectif est l’élaborer, avec le concours des diverses disciplines scientifiques qui la composent, un corps de connaissances qui dans une perspective d’application, doit aboutir à une meilleure adaptation à l’homme des moyens technologiques de production, et des milieux de travail et de vie. » (IVe congrès international d’ergonomie de la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF), 1969)

Pour faire simple, l’ergonomie consiste à adapter le travail à l’Homme tant au niveau de la santé que de la performance ou de l’efficience, à l’inverse de certaines disciplines ayant plutôt pour objectifs d’adapter le travail à l’homme.

Les outils de l’ergonomie

L’interdisciplinarité :

Tout d’abord, l’ergonomie est une discipline scientifiques relativement récente en comparaison aux sciences sur lesquelles elle s’est construite. En effet, ces fondements sont issus du croisement entre les sciences humaines, sociales et de l’ingénierie pour développer des connaissances scientifiques sur les interactions entre l’Homme et le travail au sens large.

Antoni, 2014, Modélisation et anticipations – éléments théoriques pour une approche géo-ergonomique.

Ainsi, il est important de comprendre que même si l’ergonomie tente d’articuler des connaissances, concepts et des ressources issues de plusieurs domaines scientifiques, l’ergonome ne peut pas être un expert dans toutes ces disciplines, et doit par conséquent savoir s’entourer d’autres spécialistes.

La méthodologie :

Avant d’aborder les méthodes et les outils utilisés, il est important de préciser que l’ergonomie consiste à comprendre le travail pour le transformer par le biais de l’analyse du travail ou de l’activité réelle.

Dans cette perspective, l’ergonome va mettre en place une démarche d’analyse et des méthodes d’évaluations adaptées au contexte d’intervention (objectif, typologie d’activité, taille du public…). Dès lors, il va avoir recours à différentes méthodes et parfois combiner plusieurs outils ou techniques, qui ont fait leurs preuves dans d’autres disciplines scientifiques comme :

• – Les types d’observation (observation direct, observation participante…)
• – Les techniques d’entretien (entretien formelle/informelle, entretien directif/ non directif, auto-confrontation…)
• – L’analyse et le croisement de données (enquête statistique, étude des plans, veille sociotechnique…)
• – La simulation
• -La métrologie (mesures, utilisation de grille…)
• -…

Quand faire appel à un ergonome ?

La temporalité :

Au-delà des idées reçues ou des fausses représentations sur le domaine d’intervention et d’application de l’ergonomie, l’intervention est encore trop souvent sollicitée et/ou réalisée dans des « contextes défavorables » pour l’amélioration des conditions de travail; soit pour faire face à d’importantes problématiques de santé ou de restrictions d’aptitudes, soit pour répondre à des obligations (réglementaires, sociales…).

En effet, l’impact de l’ergonomie sur les différentes problématiques va dépendre de la temporalité de l’intervention par rapport à « l’état de dégradation de la santé des individus » ou de l’état d’avancement des projets de conception. Par conséquent les apports de l’ergonome, et notamment la richesse ainsi que la diversité des préconisations, sont étroitement liées à la détection des problèmes et pertinents pour la prévention des risques.

Les indicateurs :

Pour finir, vous l’aurez certainement compris l’amélioration des situations, et a fortiori des conditions de travail, nécessite une sollicitation des ergonomes le plus en amont des problématiques ou a minima de l’aggravation des situations, et par conséquent requiert une vigilance sur diverses informations pouvant s’avérer être des signes précurseurs.

En effet, il y a souvent des indicateurs qui peuvent amener à des interrogations et des vérifications ou à une étude plus approfondie du lien entre les conditions de travail et les problématiques en faisant appel à un ergonome comme (liste non-exhaustive) :

• – L’évolution de l’absentéisme, des arrêts, des accidents du travail et des maladies professionnelles.
• – Les retours ou plaintes des agents.
• – Les retours des usagers d’un service sur l’état des agents ou plantes sur la qualité du service.
• – Baisse de productivité.
• – Turn-over.
• -Tensions…