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Prévention et santé au travail Gestion de crise Témoignage
Publié le 6 octobre 2021 Modifié le 2 avril 2024
Temps de lecture : 5 minutes

Vaccinodromes dans le Var : les compétences du SDIS 83 reconnues pour l’organisation et la gestion de crise

SPP

Mi-janvier 2021, le Préfet du Var contactait le SDIS du Var pour coordonner les centres de vaccination. Dans quel contexte la décision de mettre à contribution le SDIS 83 dans la mise en place des vaccinodromes a-t-elle été prise ? Témoignage du Lieutenant-Colonel Michel Persoglio, Chargé de mission études prospectives et retour d’expérience au SDIS du Var.

Dans quel contexte la décision de mettre à contribution le SDIS 83 dans la mise en place des vaccinodromes a-t-elle été prise ?

Mi-janvier 2021, le Préfet du Var contactait le SDIS du Var pour coordonner les centres de vaccination. Dès le 18 janvier, les cadres du SDIS prenaient en charge la coordination des 7 centres de vaccination publics du département. Au plus fort de la campagne contre la covid-19, le SDIS a géré jusqu’à 18 centres de vaccination.
Dans un premier temps, nous n’avions mobilisé que les chefs de centre et leurs adjoints des centres de secours des communes où se trouvait un vaccinodrome. Nous avons travaillé en collaboration avec les équipes municipales pour la gestion administrative et logistique, ainsi qu’avec du personnel de santé (médecins et infirmiers) recruté par l’intermédiaire des collectivités territoriales de santé (CPTS).
Le Préfet a également demandé qu’un cadre supérieur gère la coordination de l’ensemble du dispositif, mission que j’ai débutée le 15 janvier.

Quelles compétences et ressources ont été nécessaires pour assurer cette mission ?

Le Préfet a fait cette demande en connaissant les compétences des SDIS en organisation et gestion de crise.
Les centres publics de vaccination sont gérés via Doctolib. Nous avons réalisé jusqu’à 50 000 injections par semaine. Il faut ajouter à ces résultats, ceux des centres hospitaliers et du centre militaire de Toulon sur lesquels le SDIS n’était pas impliqué.
L’été est toujours une période dense dans le Var avec la surpopulation touristique. Nous savions que nous ne pouvions assurer la gestion des centres publics que jusqu’à fin juin. Chaque centre de secours avait un centre de vaccination à gérer, avec une centaine de cadres impliqués, de 9h à 17h chaque jour. Au 1er juillet, il fallait trouver une autre solution. Nous avons préparé les cadres municipaux pour qu’ils puissent nous remplacer, et avons réalisé des Vade-mecum destinés aux futurs coordinateurs. Ils couvraient quatre domaines : le découpage de la journée avec les activités redondantes, le découpage de la semaine, les consignes générales et l’annuaire téléphonique.
Nous avons aussi géré une vingtaine de centres de vaccination dans les zones très isolées du département, uniquement avec du personnel du service de santé, des secouristes et du matériel sapeurs-pompiers. Nous avons eu un retour du public très valorisant. La population s’est sentie considérée et a beaucoup apprécié cette démarche. Au niveau des chiffres, cela ne représente pas beaucoup d’activité, certains centres faisaient moins de 100 injections sur 2 à 3 jours. Par ailleurs, le SDIS a vacciné ses personnels et retraités.

Comment s’est passé la transition avec les communes ?

Rapidement les communes ont détaché un agent pour faire l’interface avec le coordinateur sapeur-pompier et pouvoir les remplacer après notre départ. Nous avons décidé de laisser un cadre dans une toute petite commune, isolée à plus de 80 kilomètres, qui n’avait pas les moyens de détacher un agent à temps plein.

Quel a été le volume total d’injections faites sur toute cette période ?

Rien que sur les centres que nous avons supervisés et jusqu’au 1er juillet, nous étions à 850 000 injections. Aujourd’hui, nous frisons le million d’injections. Dans le Var, 85 % de la population est vaccinée.

Quels ont été les défis les plus difficiles à relever ?

Le plus difficile a été de se faire accepter par les équipes municipales. Les communes étaient chargées de mettre en œuvre tout ce qui est logistique : structures d’accueil, personnel, moyens informatiques, balisage…, ce qui représentent des charges financières conséquentes. Nous avions à gérer des financements destinés aux collectivités. « Nous sortions un peu de nulle part. Dans les textes, on ne parle pas des Services d’incendie et de secours … ».
Pourtant, quand nous avons fait savoir que nous allions partir, il y a eu de très grosses pressions pour rester plus longtemps. « Nous sommes un service d’urgence, nous avons mis en place en urgence une solution qui n’existait pas, nous l’avons créée, inventée, livrée clé en main. Nous l’avons accompagnée pendant 7 mois mais n’avions pas vocation à rester ».

En interne, avez-vous eu des réticences importantes ?

En interne, nous n’avons connu aucune réticence. Le Directeur départemental a annoncé notre implication dans les centres de vaccination puis nous avons demandé aux coordinateurs de nous faire remonter leurs besoins. J’ai tout centralisé. Nous avons prévu un cadre par jour d’ouverture, ce qui permettait aux autres de continuer à assurer le travail administratif, les gardes opérationnelles, etc.

Quel bilan en tirez-vous ?

J’ai demandé à tous les chefs de centre de m’envoyer leur ressenti. Tous évoquent une opération extrêmement gratifiante, tant pour les cadres que pour les communes. Ils ont travaillé chaque jour sur des missions qui n’étaient pas des missions de secours. Cela a permis à la population de nous découvrir sous d’autres aspects. Aujourd’hui encore, les centres de secours sont toujours là en support. Si les coordinateurs actuels ont des problèmes ou des questions, leur premier niveau de référence reste l’ancien coordinateur principal. Nous avons créé des liens. Tout le monde a trouvé un intérêt à notre participation. Mes collègues ont pu mettre en valeur leur capacité à gérer des crises sur lesquelles nous n’étions pas formés. Les règles de base de la gestion de crise enseignées à l’Ecole nationale des officiers de sapeurs-pompiers nous ont largement facilité la tâche.

Pensez-vous que cette expérience a fait grandir le SDIS 83 dans la gestion de crise de sécurité civile ? Le lien entre les chefs de centre de secours et les communes a-t-il renforcé la capacité du SDIS à travailler avec les structures locales lors d’événements majeurs ?

Je pense que le SDIS 83 a beaucoup appris. Nous avons recueilli la reconnaissance de la Préfecture et de l’ARS. Peu de services auraient pu déployer des centres de vaccination en trois jours. Notre métier c’est la gestion dans l’urgence. Nous avons eu un peu de mal car nous sommes habitués à travailler entre pompiers. Entre nous tout va très vite, nous nous comprenons, nous nous connaissons, nous avons la même formation. C’est un plus inimaginable. Rapidement la culture et les compétences ont fait que les chefs de centre de secours se sont adaptés rapidement et le service incendie du Var a trouvé une nouvelle façon d’aider la population.

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