Burn out des médecins : comprendre et prévenir
L’Organisation Mondiale de la Santé définit le burn-out comme un syndrome expliqué par le stress chronique au travail. Ce syndrome n’est cependant pas encore considéré, en France, comme une maladie professionnelle. Il se traduit pourtant par une fatigue physique et mentale intense due à l’activité professionnelle.
Cette forme d’épuisement au travail fait partie des principaux risques psychosociaux auxquels les médecins sont confrontés. De nombreuses études montrent qu’un médecin sur deux présente, en France, des symptômes de burn-out. Les médecins généralistes se voient particulièrement concernés, ainsi que les jeunes praticiens. Comment détecter les premiers symptômes pour éviter la survenue de risques psychologiques et somatiques graves, et préserver la qualité des soins prodigués au patient ?
Le burn out des médecins : qu’est-ce que c’est ?
Les médecins incarnent une partie de la population professionnelle particulièrement touchée par le burnout. En 2020, en pleine crise sanitaire, Le Quotidien du Médecin affirmait que 51% des praticiens français présentaient des symptômes de burnout. Les médecins généralistes étaient particulièrement concernés, avec 19% de la profession touchée.
Définition du burn out médical
La Haute Autorité de Santé définit le burnout comme « un état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Il peut ainsi se traduire par des symptômes psychologiques : anxiété, dépression, troubles du sommeil. Il a aussi des conséquences physiques : fatigue persistante, troubles musculo-squelettiques, problèmes cardiovasculaires et troubles gastro-intestinaux.
En l’absence de prise en charge, l’épuisement professionnel peut entraîner des conséquences graves sur la santé mentale et physique. C’est pourquoi sa détection est au cœur de la prévention des risques psychosociaux dans la fonction publique hospitalière.
Les différentes étapes de l’épuisement professionnel
Prévenir les RPS implique de connaître les phases de développement du burnout identifiés par l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) :
La phase d’alarme comprend de premiers signes qui nécessitent de consulter avant que les symptômes ne s’aggravent. Il peut s’agir d’un stress croissant, de troubles digestifs ou de troubles du sommeil, par exemple.
La phase de résistance consiste à s’habituer à un état de stress, au point de l’oublier. Les maux physiques, eux, s’aggravent.
Lors de la phase de rupture, le praticien reprend conscience de son mal-être, parce que ses mécanismes d’adaptation saturent. L’épuisement émotionnel et physique atteint un seuil critique, généralement associé à une forme de dépersonnalisation et à une perte d’efficacité professionnelle. Les médecins concernés peuvent présenter des symptômes dépressifs, une altération cognitive telle que des troubles de la mémoire, ainsi que des troubles somatiques chroniques.
Vient finalement la “phase du burn out”, qui se traduit par une décompensation sévère avec un effondrement généralisé des fonctions psychophysiologiques. L’épuisement entraîne des symptômes dépressifs majeurs, associés à une anhédonie, des troubles du sommeil et de l’anxiété généralisée. Le praticien ou la praticienne souffre en outre d’une fatigue intense, voire de troubles cardiovasculaires. Le traitement nécessite impérativement un suivi médical, avec un arrêt de travail prolongé.
Prévenir l’épuisement professionnel des médecins
Outre la détection des symptômes inhérents à ces différentes phases, il existe des solutions numériques pour faciliter le repérage du burn out des médecins. Un outil comme Holicare, par exemple, permet une auto-évaluation structurée et une quantification des symptômes en 7 minutes. L’application fournit un aperçu immédiat de l’état de santé psychologique du praticien et de son exposition aux risques psychosociaux.
Nous contacterLes résultats, cliniquement prouvés, permettent d’obtenir un programme personnalisé et pluridisciplinaire de prise en charge des symptômes. À l’issue de ce parcours, 89% des utilisateurs ne présentent plus de symptômes anxio-dépressifs. Holicare permet en outre de minimiser l’interruption de la pratique clinique, tout en évitant que les symptômes n’atteignent un stade clinique avancé.
Les raisons de l’épuisement professionnel des médecins
On relève plusieurs facteurs contributifs au burn-out des médecins :
- Surcharge de travail et exigences de productivité élevées ;
- Surengagement individuel : le praticien se suradapte pour répondre à toutes les attentes externes (patients, hiérarchie, collègues) et néglige ses propres besoins physiologiques ou psychologiques ;
- Mauvaises relations interprofessionnelles et conflits d’équipe à l’origine d’un environnement professionnel toxique ;
Déshumanisation des grandes structures hospitalières, laquelle alimente souvent la dépersonnalisation ; - Horaires irréguliers et gardes fréquentes, à l’origine de perturbation des rythmes circadiens et d’une altération de la qualité du sommeil ;
- Manque d’effectif ;
- Poids des charges administratives liées à la gestion des dossiers patients, à la facturation, ou la conformité réglementaire ;
- Isolement professionnel en cabinet médical, en spécialités “solitaires”, ou en zones sous-denses, lequel réduit les opportunités de soutien et de partage d’expérience ;
- Exposition à des situations émotionnellement difficiles ;
- Pression temporelle pour des consultations courtes, laquelle nuit à la qualité de la relation thérapeutique et de la prise en charge individuelle de la patientèle ;
- Dégradation de la relation thérapeutique médecin-patient entraînant un désengagement émotionnel et une perte de satisfaction dans la pratique médicale ;
- Répétition des tâches et manque de perspectives professionnelles, laissant peu de place à la réflexion clinique, à l’actualisation des connaissances ou à la formation continue.
Les symptômes du burn out chez les soignants
L’exposition prolongée à un stress chronique au travail induit un épuisement physique, émotionnel et cognitif. Parmi les manifestations somatiques, le burnout se traduit par des troubles digestifs (dyspepsie, troubles fonctionnels intestinaux), des perturbations du sommeil (insomnie, sommeil non-réparateur) et des symptômes neurologiques tels que l’altération de la mémoire à court terme, les difficultés de concentration, ou de la lenteur cognitive.
L’épuisement émotionnel se traduit quant à lui par une perte d’empathie et une dépersonnalisation. Certains médecins se sentent déconnectés de leurs patients, et ont l’impression de travailler mécaniquement. La dépersonnalisation peut également amener à une forme de cynisme, ou à des pensées négatives récurrentes. Certains praticiens souffrent en outre de troubles dépressifs, et notamment d’une perte de sens dans sa pratique professionnelle.
Quels sont les risques du burn-out ?
Le burn-out présente des risques multiples, non seulement pour la santé des professionnels, mais aussi pour leurs patients et l’organisation des soins.
L’épuisement professionnel menace la prise en charge des patients, qui voient la qualité de leurs soins diminuer. L’épuisement du personnel médical peut entraîner une baisse de la vigilance clinique, et donc une potentielle augmentation des erreurs médicales. La relation thérapeutique en pâtit, et le patient perd progressivement confiance en la qualité des soins.
Le burnout entraîne en outre une augmentation de l’absentéisme, et donc aussi une perte de productivité. Les rotations de personnel perturbent les relations de travail, en plus d’entraîner des coûts en gestion des ressources humaines. D’un point de vue structurel, les absences prolongées dues au burnout médical augmentent la charge de travail des autres soignants. Le risque d’épuisement “secondaire” est donc bien réel et menace l’accès aux soins.