Absentéismes : pas d’actions génériques clé en main mais un nécessaire travail de compréhension

Absentéisme compressible

Lorsque l’absentéisme devient prégnant au sein d’une organisation, sa gestion journalière est sans doute celle qui est le plus chronophage pour les services RH et les encadrants : gérer administrativement l’absence, trouver un remplaçant ou réorganiser l’équipe pour assurer la continuité du service, gérer l’interruption d’activité, prévenir les personnes concernées… Autant d’énergie et de temps qui pourraient être réduits, à condition de pouvoir diminuer cet absentéisme que l’on nomme « compressible ».

Ces dernières années, la fonction publique territoriale a vu croitre cet absentéisme (augmentation de +17% du taux d’absentéisme en Maladie ordinaire entre 2017 et 2022 – Cf. Panorama qualité de vie au travail et santé des agents dans les collectivités territoriales 2023).

Aussi beaucoup d’employeurs engagent des actions afin d’enrayer ce phénomène, ou au moins tenter de le contenir. Malheureusement ces actions sont trop peu souvent le fruit d’investigations poussées, faute de temps. La tentation est grande de souscrire à la thèse des absences de complaisance qu’il suffirait d’éradiquer pour réduire drastiquement l’absentéisme.

Si ce phénomène existe, il n’en reste pas moins minoritaire et il n’est surement pas le seul levier à actionner. En effet, en 2023, moins de 2% des contrôles médicaux coordonnés par Relyens aboutissent à la conclusion d’un arrêt injustifié.

Pas un absentéisme mais des absentéismes

Lorsqu’on évoque « un absentéisme », il conviendrait plus justement de parler « des absentéismes ». Au-delà des typologies d’absences : structurelles, conjoncturelles et dysfonctionnelles, le statut de la fonction publique classe les absences pour raison de santé selon trois grandes catégories :

• Les Accidents du Travail, Maladies professionnelles et Accidents de Trajet,
• Les Maladies Ordinaires,
• Les Longues Maladies / Maladies de Longue Durée (affections invalidantes telles que le cancer, l’AVC,…).

Rappelons que seules certaines absences sont compressibles. Une étude de la DARES en 2016 affirme que 52% des absences en France seraient compressibles. Les accidents de travail, de trajet et maladies professionnelles sont évitables dans l’absolu, la chose n’est toutefois pas simple.

Concernant les absences en maladie ordinaire, longue maladie et longue durée, l’approche est encore plus complexe. Certaines sont tout à fait étrangères à la sphère professionnelle (grippe, gastro), d’autres en revanche peuvent trouver leurs causes dans le monde du travail, notamment lorsque la qualité de vie et les conditions de travail sont mauvaises : pénibilité, ambiance thermique ou climatique, mésentente/conflit, management,…

Comment agir ?

Pour intervenir efficacement et de façon complète sur le champ « des absentéismes », voici quelques convictions :

1. Faire un état des lieux afin de comprendre grâce à une étude précise, par quel type d’absence la structure est concernée (absences longues, courtes, répétées, services concernés, métiers concernés, ancienneté,…),
2. Donner la parole aux agents sur leur QVCT pour leur permettre d’exprimer ce qui fonctionne bien mais aussi de pointer ce qui mériterait d’être amélioré au quotidien dans leur travail (du plus petit irritant au plus important déterminant de l’absentéisme),
3. Mettre en œuvre des actions spécifiques et ciblées : des actions précises en réponse à des difficultés précises généreront plus d’impact que des politiques globales trop vastes et insuffisamment concrètes, déclinées en des centaines d’actions mal mises en œuvre.
4. Réévaluer régulièrement la situation : renouveler l’état des lieux sur les absences et la QVCT pour mesurer l’impact des actions conduites et les réajuster.

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