Urgences vitales intra hospitalières : les bons réflexes
Les urgences vitales intra hospitalières sont rares, mais classiques et d’un pronostic souvent sombre. Face à un arrêt cardiorespiratoire, brutal et inattendu, les équipes médicales d’une unité de soins n’ont pas toujours les bons réflexes et peuvent perdre un temps précieux à appeler les secours ou à trouver les bons matériels.
Or la prise en charge de ces urgences est d’autant plus efficace qu’elle est rapide et organisée.
Les faits
Patiente de 44 ans, porteuse d’un fibrome utérin, hospitalisée pour hystérectomie. L’intervention chirurgicale se déroule sans incident particulier. Malheureusement, les suites sont marquées par la survenue, le lendemain même dans le service, d’un arrêt cardiorespiratoire, irréversible malgré l’intervention des équipes soignantes.
La famille porte plainte et demande réparation du préjudice né pour eux du décès de leur épouse et mère qu’ils imputent à une faute dans l’organisation et le fonctionnement du service hospitalier.
Le rapport de l’expert
Dans son rapport, l’expert confirme les points suivants :
- Le décès de la patiente est imputable à une embolie pulmonaire massive,
- Lors de son admission, la patiente n’avait aucune manifestation clinique ou para clinique connue pouvant laisser présumer qu’elle était exposée à un accident thromboembolique.
De même, aucune erreur de diagnostic, ni erreur médicale dans la prise en charge de la patiente, avant son accident, ne peut être imputée au Centre Hospitalier.
L’expert poursuit en affirmant que la réaction des équipes soignante puis médicale n’est pas critiquable. Une fois la patiente découverte dans sa chambre, l’infirmière a, en effet, immédiatement appelé à l’aide et a entrepris un massage cardiaque externe. Le médecin du service a aussitôt pris le relais de l’infirmière. Dix minutes plus tard, le cardiologue apportait son soutien aux équipes du service, puis, constatant la mydriase et l’électrocardiogramme plat, décidait l’arrêt de la réanimation.
Mais l’expert souligne également que la réaction du personnel sur place est néanmoins restée insuffisante dans la mesure où il ne disposait pas des moyens nécessaires et adaptés à ce genre de situation. En effet, à l’époque des faits (2005), si la chambre de la patiente était équipée en oxygène, et si un défibrillateur usuel était à la disposition du personnel à l’étage, le service n’était équipé d’aucun défibrillateur semi automatique, ce matériel n’étant pas disponible au Centre Hospitalier, le personnel n’ayant pas été formé à l’usage d’un tel appareil.
Le jugement du tribunal
Le Tribunal Administratif de CERGY PONTOISE a condamné le Centre Hospitalier :
« Considérant qu’il ressort du rapport d’expertise que cette faute a enlevé à la patiente les très faibles chances qu’elle avait d’échapper à la mort à la suite de son accident thromboembolique dans la mesure où l’utilisation d’un défibrillateur semi automatique constitue la procédure la meilleure pour sauver les malades en arrêt cardiorespiratoire ; que par la suite, les ayants droits sont fondés à soutenir que cette faute dans l’organisation et le fonctionnement du service public hospitalier engage la responsabilité du Centre Hospitalier à leur égard ».
Commentaires des juristes Relyens
La présence d’un défibrillateur semi-automatique (DSA) dans les unités de soins des établissements de santé s’est largement répandue ces dernières années depuis la publication notamment de l’arrêté du 3 mars 2006 relatif à la formation aux gestes et aux soins d’urgences destinée aux professionnels de santé.
Mais au-delà de la seule problématique posée par l’absence d’un DSA, ce dossier ne doit pas nous faire oublier l’importance de l’organisation de la prise en charge des urgences vitales intra-hospitalières.
C’est une des préoccupations constantes de Relyens lors des visites d’analyse de risques.
Et, cette prise en charge nous semble d’autant plus sécurisée et aboutie qu’elle repose sur trois points : la formalisation des pratiques, la formation des personnels et la mise à disposition des équipements.
- La formalisation des pratiques : la prise en charge d’une urgence vitale ne doit pas s’improviser. Des procédures doivent être à la disposition des équipes et connues de tous, mentionnant au moins, et avec précision, les personnes à solliciter (médecin du service, urgentiste, réanimateur…) ainsi que les premiers gestes à réaliser.
- La formation aux gestes d’urgences : elle est désormais obligatoire et proposée sous forme de différents modules adaptés aux différents types de personnels dans les établissements. Elle doit donc concerner tous les personnels, sans exception : soignants, médecins, personnels administratifs, sans oublier les nouveaux arrivants.
Un suivi des connaissances dans le temps et des mises en situation régulières permettent de maintenir et de renforcer les apports théoriques.
- La mise en place d’équipements appropriés, principalement les chariots d’urgence avec les défibrillateurs semi-automatiques :
- La composition de ces chariots s’appuie sur les bonnes pratiques de la profession et doit être validée au sein de l’établissement par les équipes les plus compétentes (urgentistes, réanimateur, SAMU, …).
- Les chariots d’urgence sont facilement accessibles, rangés et placés sous scellé.
- Leur composition est vérifiée régulièrement et après chaque utilisation. Cette vérification est tracée.
Enfin, les personnels du service sont formés à leur utilisation !
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